Tore KRISTIANSEN

Survol du Nord : langues et communautés linguistiques

Tore Kristiansen

Professeur titulaire de sociolinguistique

Institut d´études nordiques et de linguistique

Université de Copenhague

Par ses habitants, la région septentrionale d’Europe, où se déroulera le XXIXe Congrès international de linguistique et de philologie romanes, est dénommée le Nord, tout simplement (Norden en langue Scandinave). Le but de cette communication est d’offrir aux participants au congrès un rapide panorama de la situation langagière dans cette région.

S’étendant sur un vaste territoire, du Groenland à l‘ouest – en passant par l’Islande, les Îles Féroé, la Norvège, le Danemark, la Suède et les Îles Åland – jusqu’à la Finlande à l’est, l’unité actuelle du Nord, aussi bien que sa diversité, s’expliquent par une longue histoire commune fondée sur des relations de dominance et de dépendance. Dans ma communication, je commencerai par tracer les grandes lignes de cette histoire, et de la situation contemporaine qui en est le résultat.

Ensuite, parmi les nombreuses et complexes interrelations qui existent entre les langues et les communautés linguistiques du Nord, j’envisage de mettre l’accent sur deux aspects qui ont fait l’objet d’un intérêt particulier dans la littérature sociolinguistique.

Le premier de ces aspects concerne l’intercompréhension dans le Nord. D’un côté, c’est une question qui est étudiée et discutée en tant que problème concernant les langues Scandinaves : le danois, le suédois et le norvégien. Je vais inclure ici un aperçu des changements (historiques et contemporaines) qui, dans une certaine mesure, affectent la compréhension mutuelle, où ce qu’Einar Haugen a appelé la ‘semi-communication’. Mais aussi, et de plus en plus, le problème est étudié et discuté en relation avec une prétendue tendance grandissante à préférer l’Anglais à des langues Scandinaves comme lingua franca.

Le second aspect auquel j’accorderai une attention particulière concerne le conflit entre standardisation (dans le sens d’homogénéisation) et préservation de la variation. À propos de ce conflit, il est possible de défendre le point de vue selon lequel nous avons dans le Nord deux cas extrêmes (et en ce sens exemplaires) d’homogénéisation et de diversité dialectale. Ces deux cas invitent, et se prêtent, à discuter les forces derrière la standardisation des langues : comment se fait-il que la communauté linguistique norvégienne présente un cas extrême de diversité dialectale ; et pourquoi la communauté linguistique danoise présente-t-elle un cas extrême d’homogénéisation ?

Lectures recommandées :

Kristiansen, Tore. 2017. Intergroup Communication: Scandinavia. Oxford Research Encyclopedias. Communication. Intergroup communiction. http://communication.oxfordre.com/view/10.1093/acrefore/9780190228613.001.0001/acrefore-9780190228613-e-393?rskey=XnprGy&result=43 DOI: 10.1093/acrefore/9780190228613.013.393

Kristiansen, Tore. 2013. Language attitudes in the Nordic countries. In: Howard Giles and Bernadette Watson (eds.) The Social Meanings of Language, Dialect and Accent. International Perspectives on Speech Styles. New York: Peter Lang Publishing. 64–83.