Depuis l’article fondateur de Einar Haugen (1966), on dispose d’un cadre théorique pour modéliser la standardisation (sélection et codification d’une norme, élaboration des fonctions et acceptation par la communauté linguistique). Il semble toutefois qu’on ne puisse plus parler aujourd’hui de standardisation, vue comme l’imposition par le haut d’une langue de référence (Lodge 2010 : 5), sans envisager également l’autre face de la médaille, la koïnéisation (Siegel 1985, Trudgill 2003). Ce dernier phénomène est impulsé par « le bas », c’est-à-dire par la masse des sujets parlants, locuteurs de variétés proches qui s’influencent réciproquement dans le sens d’une plus grande homogénéité (nivellement dialectal, angl. dialect levelling). Le dernier critère évoqué par Haugen, l’acceptation, est particulièrement lié aux réactions de la communauté linguistique, qui joue en fait un rôle actif dans la réussite ou l’échec d’un processus de standardisation.
L’histoire externe des communautés linguistiques détermine évidemment l’évolution des dynamiques de standardisation (nées des interventions des états-nations, dont l’existence et la configuration est en reconstruction constante au fil des siècles) et de koïnéisation (laquelle est fortement influencée par les mouvements de population, les brassages de classes sociales et les contacts de langue). Les langues romanes constituent un terrain idéal pour l’étude de ces phénomènes. Certaines d’entre elles sont standardisées depuis plusieurs siècles déjà mais l’on n’a toujours pas fini de décrire tous les détails du processus, lequel doit d’ailleurs être conçu comme toujours en cours ; en outre, leur expansion dans la Romania Nova a créé des situations pluricentriques où l’on voit naître de nouveaux standards nationaux et régionaux. D’autres langues au statut plus minoritaire ont connu des processus de standardisation à époque récente, qui bien souvent ne sont pas encore aboutis, et dont l’étude permet d’en observer in vivo les mécanismes. Nous accueillerons dans cette section des communications portant sur tous ces aspects du problème, qu’il s’agisse des langues de la vieille Europe, de la Romania Nova, voire de la Romania Creolica.
Références
Haugen, Einar (1966), « Dialect, language, nation », American Anthropologist 68, p. 922-935.
Lodge, Anthony (2010), « Standardisation, koinéisation et l’historiographie du français », Revue de linguistique romane 74, p. 5-26.
Siegel, J. (1985), « Koines and koinèízation », Language in Society 14, p. 357-378.
Trudgill, Peter (2003), A Glossary of sociolinguistics, Edinburgh, EUP.
Président(e)s, représentants, non-scandinaves de la SLR
Angela Schrott (Kassel)
André Thibault (Paris)
Représentant de la Scandinavie
Ingmar Söhrman (Göteborg)